Des Projets Pédagogiques

Réunion d’enfants, temps de parole, Forum, Régulation, J’ai Vécu, Agora… Peu importe le nom.

Ce moment de vie collective n’est pas rencontré partout ni tout le temps en séjours de vacances ou lors d’autres formes de vie collective (colo, centre de loisir, classe de découverte, voire en classe…)

De plus, lorsqu’il existe, il ne prend pas toujours la même forme.

En voici une forme particulière, celle de la parole donnée aux enfants. Non pas comme un moyen de quelque chose mais comme une fin en soi. Peut importe ce qui s’y dit, s’y discute, la seule chose qui compte est le Comment. Surement pas un « bilan », encore moins un « passage d’informations ». Simplement un temps dédié à la parole, pas n’importe laquelle: celle des enfants.

Il existe souvent (pas toujours) des temps formalisés où le groupe d’enfants et d’adultes qui les accompagnent se réunissent pour un temps de parole. Hors, force est de constater souvent que la parole est descendante: on se réunie pour présenter la journée à venir, celle du lendemain, proposer des choix d’activité, mais aussi, en plus de passer de l’info au grand groupe, parfois (souvent?) pour passer « un coup de pression »: sur des chambres mal rangées, le bruit des uns au coucher, des autres au réveil, et/ou tout autre « Hic » de la vie collective et de son apprentissage…
Le schéma est souvent le même: le groupe d’enfant est assis, en tas. Les adultes sont devant, ou debout, et le directeur ou l’anim qui s’est vu (a prit?) le rôle de « procureur » passe les infos, passe les soufflantes…. souvent de façon collectives ou/et quand souvent celles-ci ne concernent pas toujours (jamais?) l’ensemble du groupe….
Puis parfois (et même pas toujours) à la fin de ses minutes de palabres qui sont plus proches des Assises que de la Discussion, le ou les adultes lancent « Quelqu’un à quelque chose à dire? »… hors c’est l’heure de manger, d’aller se doucher, d’aller jouer… ou de fuir… et comme les échanges qui ont précédés relevés de la relation Adulte/Enfant (je parle en terme de PNL là) forcément les enfants n’ont rien à dire, puisqu’ils n’avaient pas leur mot à dire… et s’enfuient donc.

Je propose une forme que vous appellerez comme bon vous semblera. Voici une forme possible: il n’y a plus d’enfants ni d’adultes mais des individus. Aucun ne jouissant d’un statu privilégié particulier. Une personne « préside » la séance, il a pour but d’animer la discussion, la répartition de la paroles, conclure ou relancer un thème, synthétiser, permettre l’écoute des uns, la paroles des autres. La parole peut (ou pas) être matérialisée par un objet symbolique, quel qu’il soit. Un « Scribe » peut prendre des notes sur ce qu’ils s’est dit ou décidé, un « Maitre du temps » peut veillée sur le temps qui passe. Ces rôles peuvent être tenus par des adultes, comme par des enfants.

Le groupe est assis ou disposé ou vautré en cercle, les adultes mélangés à cet amoncellement. Personne n’a a priori le privilège de siéger au dessus des autres, surtout symboliquement, donc sur la forme non plus (surtout s’il s’agit d’adulte).

Le but de ce temps de parole est pour les adultes: de se taire ! De laisser pour une fois place libre à la parole des enfants, que leur parole puissent pour une fois être entendue à défaut d’être écoutée, mais surtout que leur point de vue, leur proposition, leur vécu, leur envie, leur désaccord, leur ressentie puissent enfin être exprimés, n’en déplaise aux uns, aux autres et surtout aux adultes. Si les adultes sont présents ils doivent se forcer de ne pas systématiquement intervenir pour expliquer, justifier, apporter des solutions (ni surtout tenter de se dédouaner)…. et c’est le plus difficile.
Le but de ce temps de vie collective est à portée éducative: pouvoir s’exprimer, avoir libre parole, pour quoi que ce soit, pouvoir être entendu par ses pairs, c’est exister au sein du groupe. Peut importe le propos, son contenu, sa pertinence, sa richesse linguistique. A partir du moment où mes mots sont entendus, j’existe.

La vie collective peut être matière à discussion: qu’est ce qui va bien ou qui pose problème? Quant aux locaux, à l’organisation de la journée, aux horaires, aux menus, aux activités, à la météo… peut importe !
Mais aussi: Et qu’est ce qui va bien? Car nous avons tous la propension à la complainte, à la critique, au bureau des pleurs… Et vous comme moi, comme eux n’avons pas la même aisance à dire ce qui va bien, ce qui plait, ce qui nous donne plaisir, à complimenter, à dire le bien que l’on pense de choses comme de gens…

Si vous n’avez jamais vécu ces « Paroles d’enfants », elles existent… pas partout… j’avais découvert « Summerhill » un jour d’errance chez un bouquiniste. Pour la première fois je trouvais la réalisation concrète de modèles que j’avais en tête. Un jour j’ai travaillé avec une classe de CM2 d’une Ecole Freinet. Ces enfants, depuis la grande section avaient appris à systématiser ce type d’échange, de prise de parole… en CM2, après 5 à 6 ans d’apprentissage et de ritualisation ils étaient capables de formaliser d’eux mêmes et sans adultes cette forme de prise de parole.
Mais pour nous adultes qui n’avons pas eut la chance de vivre la chose enfant, nous avons 1001 blocages psychologiques qui rendent la chose difficile, tout autant que sa représentation.

Mais elle existe… dans de nombreuses têtes autour de nous, tout comme concrètement ici et là… sous de formes simples, expérimentales, hésitantes parfois…. Mais la « Parole d’Enfants » existe… il faut juste lui donner une place…. leur donner leur place !