Formation BAFA : Quel organisme de formation choisir ?

Par défaut

Dans la série « Je commence à avoir des phrases de vieux cons », je me suis surpris à aborder dans mes discussions et mes réflexions, le thème des organismes de formation avec une approche de vieux schnock.

Je voyais autour de moi des animateurs/directeurs qui partaient se former pour tel ou tel organisme de formation, soit au pif, soit parce que la date où le lieu de la session leur convenait, soit par habitude, soit parce que on leur avait dit « va la bas ».

« A mon époque, on choisissait son organisme de formation pour ses valeurs… », « Les jeunes d’aujourd’hui, eux… », « y’a plus de politique, ni de valeurs… »

Stop ! A m’entendre dire ou penser de cette façon, je me suis posé la question : Est-ce bien vrai ?

Quand à 17 ans je me suis inscrit en formation Base BAFA, avais-je vraiment choisi l’organisme sur ses valeurs ? Avais-je une quelconque idée de l’historique de création des différents organismes de formation ? Avais-je conscience des différentes valeurs de ceux-ci ? Savais-je seulement ce qu’étaient des « Valeurs » ?

Et bien non. Non, non. A 17 ans, j’ai un peu choisi au pif… je ne connaissais pas 1/10ieme des organismes de formation. Je n’avais aucune culture/connaissances de l’histoire de l’éducation populaire. Et pour tout dire je n’en avais rien à
secouer en fait… Soyons honnête
.

De plus, c’était le tout début d’internet… les catalogues/brochures de formation étaient en version papier. On s’inscrivait auprès d’un organisme dont on avait trouvé la brochure je ne sais où, ou tout simplement parce qu’on avait en tête 1 ou 2 noms d’organisme… pour ma part, parce que dans ma famille on avait dû prononcer ces noms d’organisme plus que d’autres.

Ce n’est qu’une fois en formation, où j’ai apprécié le tout premier temps de la formation : présentation de l’organisme, son histoire, ses valeurs. J’ai découvert pour la première fois l’historique des colos, des « monos », des organismes. J’ai découvert mais surtout j’ai aimé découvrir du sens. Ceux qui avaient créé les colos l’avaient fait avec des Idées en tête… ils voyaient ça comme « un moyen de », pas une fin en soi. Et puis j’ai découvert le mot « Valeurs »… pour la toute première fois de ma vie, ce mot « placard » se remplissait de sens.

J’ai eut de la chance car les « valeurs » de cet organisme ont résonnées en moi. Je n’avais jamais pensé en ces termes, ni réfléchi à mes propres valeurs, ni même réalisé que nos actions tout comme celles des autres procédaient ou s’incluaient dans la mise en pratique, dans la réalisation, de « valeurs ».
J’aurais pu choisir au pif un autre organisme de formation. M’aurait-il présenté également l’historique des colos et des mouvements d’éducation populaire ? M’aurait-il présenté l’histoire « politique » ou « sociale » de ces mouvements ? Aurait-il prit du temps pour donner du sens aux « valeurs » ? M’aurait-il clairement présenté ses valeurs ? Aurais-je été en phase avec celles-ci ? Aurais adhéré à ses valeurs si elles n’avaient pas été les miennes profondes ?

Je ne peux pas y répondre.


Cependant je me souviens très bien qu’à 17 ans à peine, l’approche historique, sociale, politique des colo et de l’éducation populaire au sens large a été une vrai révélation pour moi. Je ne sais pas si ce fut le même vécu pour les autres jeunes autour de moi. Chacun à sa sensibilité et chacun est sensible à certaines choses à certain moment de sa vie. Je crois que je suis tombé au bon endroit, au bon moment et surtout avec les bons formateurs.


Parlant des organismes de formation, la « vieux con attitude » veut :

  1. Qu’on dise que notre organisme préféré est le mieux de tous.

Corrolaires : chez les autres c’est moins bien, les contenus sont nuls, les formateurs nazes, la forme stupide et les valeurs scandaleusement cachées.

2.  Qu’on ai pas un regard critique sur notre organisme préféré.

Alors comme j’avais peur de passer pour un vieux con, j’ai voulu faire une recherche approfondie pour :

* Faire la liste de tous les organismes de formation BAFA du pays
* Faire l’historique de ces organismes dans le contexte de l’évolution historique et politique de l’Education Populaire

* Mettre en avant les lignages et les valeurs propres à ces organismes
Une sorte de frise chronologique, arborescente, filiales des organismes et des valeurs. Mais d’autres l’ont fait avant moi pour certains aspects :

LE LISTING
Voici donc un lien vers Planete Anim qui fait la liste des organismes avec le lien vers le site internet de chacun :
http://www.planetanim.com/modules/myorganismes/

Les Valeurs ou en fait plutôt l’Histoire de ces organismes :

l’article rédigé par Saltimbanque

Mais là, j’ai voulu en savoir plus sur les VALEURS de ces organismes, dont j’ignorais tout pour certains. Malheureusement pour tous les organismes, si on a accès facilement à leurs projets, il est difficile de trouver sur leur site, leur histoire explicite et encore plus difficile de trouver les Valeurs Fondamentales qui les animent. J’avais découvert au sein de mon organisme de formation, l’histoire politique de celui-ci. Les « valeurs » sont toujours d’ordre « politique ». L’AFOCAL n’est pas les CEMEA, l’IFAC n’est pas les FRANCAS… Mais je n’ai pas trouvé sur leurs sites écrit noir sur blanc leur valeurs. Leurs « projets » à tous, emploient des mots valises, qui ne fâchent personne, et surtout qui passent outre les valeurs « politiques »… oui le « politique » (j’ai écrit « le », pas « la »), ça fait peur, c’est sale, clivant, caca…

J’ai parlé autour de moi, avec des gens qui ont été formé ou qui sont formateurs pour d’autres organismes… finalement peu avaient connaissance ni de l’histoire politique de l’organisme ni des valeurs politiques de celui-ci… Comme si : la formation des jeunes adultes, l’engagement volontaire auprès d’enfant, l’éducation populaire, tout ceci n’avait rien de politique (au sens noble du terme : « faire des choix de vie pour vivre ensemble d’une certaine façon »). Comme si la formation BAFA et les colos n’avaient plus rien de politique mais seulement commerciale… «On vend des formations », « on vend des colos/du loisir »

J’ai cherché sur le net, j’ai lu… mais je n’ai pas trouvé un magnifique papier, qui ferait de l’histoire sur les organismes de formation, leur valeurs etc…
Ce qui m’a le plus informé sur l’histoire de l’Education Populaire, ce qu’elle était, ce qu’elle est devenue, c’est la conférence gesticulée de Franck Lepage à ce sujet :

http://www.scoplepave.org/l-education-populaire-monsieur-ils-n-en-ont-pas

Du coup, par manque d’informations, par manque de temps, et donc par paresse, je ne ferais pas (encore) ici l’histoire complète des organismes de formation BAFA. Je n’ai pas accumulé assez de matière et j’ai peur aussi de manquer d’objectivité aussi à cause de mes valeurs et convictions personnelles.


En gros, et pour faire le plus court possible :

Les colos, ou l’engagement volontaire envers les enfants (colo, centre, et toute forme d’éduc pop) à un enracinement politique et social fort. Les organismes de formation quels qu’ils soient ont tous et chacun des valeurs fortes, une vision de l’éducation populaire qui lui est propre, un engagement politique fort. Même si il n’est pas affiché à première vue, même si certains s’en défendent.

Il y a des courants Laïcs, des courants religieux qui n’ont pas voulu laisser « la formation de la jeunesse » aux mains des Laïcs, il y a des organismes historiquement ancrés à « Gauche » avec tout le panel, les points communs, mais surtout les oppositions et divergences « politiques » (= de « valeurs ») que l’on retrouve dans toutes les autres organisations politiques. Il y a tout autant d’organismes de formation historiquement ancrés à « à droite », avec des valeurs et oppositions toutes aussi franches que dans toutes autres structures ou organisation politique. Les unes se démarquant des autres par leur projet et leur valeurs aux antipodes les unes des autres, voire, leur histoire ancrées dans la réaction ou l’opposition à des « mouvements » de l’autre bord ; les autres se construisant tout autant dans l’opposition, mais non pas face à « ceux de l’autre bord », mais vis-à-vis de mouvements du « même bord politique », dans un souci de « nous c’est pas eux, on est pas pareil »…

Bref, il faudrait faire de l’histoire, remettre dans le contexte, bien regarder, aller fouiller et tenter d’être objectif… Ce qui ferait vite chier tout le monde, les jeunes animateurs en premier lieu.

Pour ceux qui veulent trouver les informations cachées : ne lisez pas les « projets » ce sont tous les mêmes et tout le « politique » à était balayé pour ne faire peur à personne. Par contre si vous regardez la liste des associations affiliées ou membres alors c’est plus facile de se faire une idée : la « Ligue Révolutionnaire Bretonne, des Bouffeurs de Curés, Anarcho-machin-truc » n’a pas les mêmes valeurs et ne s’affilient pas aux mêmes organisme de formation que « La Ligue de Sauvegarde des Valeurs Bérichonne Traditionnelles, Blanche et Religieuse »… enfin c’est évident quoi. On peut trouver l’info des valeurs en cherchant les membres fondateurs ou les présidences… du genre un organisme créé ou présidé par « Mahatma Gandhi » ne portera pas les mêmes valeurs qu’un organisme crée ou présidée par le « Général Pinochet »…


RETENONS UNE CHOSE :

Oui ! Les organismes de formation ont tous des valeurs politiques propres, historiques, fortes.
Non, tous les organismes de formation ne se valent pas… sur ce volet des valeurs. Attention, ne se « valent pas » sur le plan « des valeurs ». Je ne dis pas que telles valeurs sont mieux que d’autres etc… On est là dans le domaine des valeurs, ce n’est pas à moi d’en discuter ici.

Doit-on choisir son organisme de formation pour ses valeurs ?

Bon courage d’abord pour trouver sur leur site une présentation claires de celles-ci. J’ai cherché pour vous, je n’ai pas trouvé.
Je tenterai de vous dire :

Si vous avez déjà une vision claire de vos propres valeurs, si c’est important pour vous d’avoir du sens dans vos actes et dans votre formation, si vous vous sentez l’âme engagée ou militante ; alors peut-être que oui ça peut être bon de dénicher l’organisme qui milite dans votre sens… Quoique ça peut être riche et constructif pour vous de vous « fritter », avec des gens qui ont des valeurs qui diffèrent un peu des vôtres, voire qui seraient totalement à l’opposé. Comme vous avez déjà des valeurs personnelles, ça vous permettra d’apprendre à les défendre, voire à les remettre en question.

Si pour vous les colos, l’animation, l’éducation populaire n’a pour le moment ou dans l’absolue aucun lien avec des « Valeurs » ou du « Politique », si l’animation, c’est juste un petit boulot sympa. Et bien a priori, j’ai envie de vous dire, choisissez n’importe quel organisme, vous apprendrez des bases de l’animation, si ça se trouve on vous fera pas entrer de valeurs dans la tête, où vous ne verrez même pas qu’on y en a glissé en douce…


Les formation chez tel organisme sont-elles mieux que chez tel autre ?

Nonobstant du coup les valeurs propres à chaque organisme, est-ce qu’il vaut mieux aller ici ou là, pour le contenu et/ou la forme de la formation.

La « Vieux Con Attitude » jaillit alors facilement « Oui tel organisme c’est mieux, ailleurs c’est vraiment… ». Le vieux con n’est pas toujours très objectif.

Objectivement il faut se dire que le contenu et la forme de la formation va dépendre :

  •  Des formateurs de la session
  •  De l’implication des stagiaires
  •  Des attentes individuelles de chacunSi les formateurs sont « nuls » (à chacun de définir ce critère), ils seront « nuls » qu’ils forment chez les uns ou chez les autres. Aucun organisme n’a le privilège de la nullité, ni de l’élitisme (terme à définir) de ses formateurs. J’ai fait toutes mes formations au sein du même organisme. La plupart de mes formateurs, je les ai trouvé, extra-ordinaires. Sauf sur une session, où je les ai trouvé totalement nuls, et pas « digne » (mot de vieux con) de l’organisme.

Si les stagiaires viennent en touristes, la formation va être totalement différente du cas où tout le monde en veut, en redemande, est super actif et au taquet

Si vous êtes le seul anim en formation pour être animateur/directeur de colo et que tous les autres stagiaires viennent se former pour être animateur/directeur de centre aéré, le contenu de la formation va peut etre répondre aux attentes des uns et pas des autres. Idem si certains veulent apprendre par la pratique et que d’autres ont besoin de la théorie. Idem si certains veulent de l’imaginaire 24h/24 et si d’autres veulent un truc super carré, ou « sérieux »…

A RETENIR :

Votre vécu de la formation ne dépend pas de l’acronyme de l’organisme. Ni même seulement des formateur de la session. Ni même uniquement de l’implication des stagiaires, mais aussi de vous individuellement.


CONCLUSION (tentée objective et pas de vieux con)

Les organismes de formation ont une histoire qui leur est propre. Cette histoire est politique. Chacune a ses valeurs propres, qui sont des valeurs fortes et fondamentale : on ne forme pas des jeunes adultes pour rien, on ne forme pas des jeunes adultes qui vont être en présence d’enfant pour rien. Le fond comme la forme de la formation, des idées, des jeux, des fonctionnements mis en place ne sont pas dépouillées de ces valeurs.
Rassurez-vous cependant, une formation BAFA n’est pas un enrôlement politique… sachez juste que ces valeurs existes, qu’elles difusent dans la pratique des formants comme des formés. Vous pouvez choisir votre organisme en recherchant des valeurs qui vous sont propres comme tenter de fuir celles qui vous repoussent
Les formateurs sont des individus. Leur façon d’être comme leur façon de faire leur sont propres. Tous ont leur niveau de compétences et d’expérience. Pour ce qui est des valeurs, certains forment très bien à l’animation (comme très mal), sans avoir une once de Valeur (Politique), voire même forme au sein d’organisme qui ont des Valeurs qui ne sont pas les leurs (sans connaître ni se soucier des valeurs de l’organisme). Au sein d’un même organisme, vous trouverez des formateurs au top et d’autre moins.

Si vous êtes passifs en formation, que vous restez sur votre chaise sans poser des questions, participer, demander, échanger, questionner… n’espérez pas que ça tombe du ciel. Ce n’est pas l’ « Ecole Unique et Officielle de l’Animation », avec une leçon à apprendre et des recettes à appliquer.

Vos attentes sont les vôtres, et pas forcément celles de vos voisins. Si vous ne les formulez pas, il ne faut reprocher aux autres (aux formateurs, ou autres stagiaires) de ne pas avoir entendu ce que vous ne leur avez pas dit.


CONSEILS

1. En formation BAFA/BAFD on y trouve aussi beaucoup ce qu’on y apporte. Les stagiaires apportent tout autant à la forme et au fond de la formation que les formateurs. De part leur vécu, leurs attentes, leurs personnalité. C’est la diversité des individus et leur réunion qui apportent la richesse d’une formation.

2. Quelque soit l’étape (base, appro, perf) de votre session de formation à venir, ce n’est qu’une étape de la formation. De plus, et c’est fait pour, le/les stages pratiques et/ou d’approfondissement sont tout autant des moyens et des étapes de formation. On n’apprend pas tout en stage BAFA base. On a pas tout apprit du rôle de dirlo, quand on a finit ses formation BAFD… On a pas du tout fait le tour de la richesse de ces fonctions une fois qu’on est diplômé.
L’animateur diplômé a encore 1001 chose à découvrir, tester, apprendre à chacune de ses expériences. Tout-un-chacun à non seulement la possibilité, mais je suis convaincu l’envie, de progresser et d’apprendre à chacune de ses nouvelles expériences. De plus chaque individu autour de nous peut et participe à cet enrichissement des autres, quels que soient ses compétences et son expérience. La formation BAFA et BAFD ne sont que les toutes premières étapes de cette formation… Si elles donnent au formé le goût de la découverte, l’envie de se former et de partager, la conviction qu’il peut apprendre des autres et apprendre aux autres, et qu’on en a jamais fini d’apprendre et de progresser, alors c’est que la session de formation a été un succès pour les formés.


Et pour les valeurs alors?

Elles viendront tout doucement par la suite, avec les expériences, les rencontre, la réflexion.
Chacun a ses propres phases de développement et d’engagement.
Un moment arrive où on cherche tous à donner du sens, des valeurs à ce que l’on fait.
L’âge de la quête de sens arrive d’ailleurs souvent au même moment que l’âge de virer « vieux con »… méfiance donc.